Noui est un dialogue érotique, compulsif, créatif inspirant une interprétation sonore et une transposition gestuelle – une réflexion sur le rythme et l’expression corporelle.
La création sonore s’entend comme une joute verbale survoltée, inextricable, à la fois réjouissante et tourmentée. Elle convoque des registres de langage cru, soutenu ou théâtralisé. Les protagonistes évoluent sur le fil du rasoir, dans la friction de leurs stratégies d’existence.
La vidéo-danse propose une expérimentation commune où le/la chorégraphe est un être composite : le dialogue, l’interprétation sonore, la plasticienne et les deux danseurs. Le duo restitue les gestes, souffles et sons inspirés par le dialogue de la création sonore en y intégrant l’expérience chorégraphique improvisée.
Le titre de l’exposition traduit la tension du dialogue, Noui, un non-oui, une neutralisation du choix, une coexistence des pulsions et de la réflexion.
La création sonore et la vidéo ne sont soutenues par aucun effet de transition (musique, ponctuation sonore) au-delà des fondus et des intermèdes.
Leur traitement reste relativement brut, en résonance avec l’angle cru du dialogue. Les deux objets sont dissociés de la même source, le dialogue écrit Noui. Leur partition sollicite des ressources distinctes et permet une attention en deux temps : la vidéo convoque l’animalité, la folie et le geste enfantin, la création sonore est habitée par l’intellectualisation et la pulsion sculptée par le langage. Les deux sont porteuses de trouble, de lutte et de paradoxe.
L’exposition est complétée par un volume craquelé évocateur des motifs du dialogue Noui : tension, résistance, fissuration, sécheresse.
Elsa Ferry